Prothèse du pénis
Le professeur s'approche du patient, après avoir lavé les mains. Voulant regarder encore une fois la zone qu'il allait opérer, il s'est adressé à l'infirmière:
- Chérie, rajustez le pénis, s'il Vous plaît. Merci.
Il regarde le patient.
- Il ne marche pas. Du tout. Ni la nuit, ni lors je masturbe, je ne parle pas de rapports sexuels.
- Un homme âgé, avec une apparence assez solide, regarde Dilanyan, droit dans les yeux, avec un air triste, – il a l'air du péché mortel – de travers et courbé.
- Oui, je comprends, c'est une dysfonction érectile vasculaire – elle est comme ça… – a-t-il dit Dilanyan, d’un air préoccupé, – Il faut Vous faire un scellement des corps caverneux.
- Ca va m’aider? Et qu’est-ce que c’est?
- Les corps caverneux, c’est-à-dire, le tissu qui est responsable d'érection. C’est qu’on peut les remplacer par des cylindres en silicone dans lesquels on fait entrer de l'eau, à l'aide d'une pompe. Et on a une érection.
- Quelle pompe? – le patient est étonné.
- Voilà... Regardez l'image.
- Cette boule au-dessus – c'est le réservoir. Il y a de l'eau dedans. Et ce truc-là, dans le scrotum – c'est la pompe. Vous allez tout simplement faire gonfler les cylindres.
- Et j'aurai une érection?
- Oui.
L'opération
La salle des opérations brille. Tout est en stérilité parfaite, plus stérile que nulle part.
- Traitez encore une fois.
- Docteur Dilanyan... Nous l'avons traité déjà 7 fois...
- Tu comprends bien, Lyuda, s'il y a une moindre infection sur la prothèse – c'est fini.
- Ah...
- L'écarteur Scott... Scalpel... Couteau électrique... Il ne coupe pas. A, non, ça y est. Tampon, coton-tige, pince. Séchez. Coupez et mettez les sutures.
- Je peux Vous poser une question, Docteur Dilanyan, – l'infermière expérimentée rougit comme une petite écolière.
- Oui, Lyuda, bien sûr. Qu'est-ce que c'est? Aspiration.
- Dites-moi, s'il Vous plaît... Est-ce que ce truc-là... Il deviendra en réalité un pénis normal?
- Lyuda, je te le promets. Tu vas l'adorer, ce pénis. Dans deux moi. – répond-il Dilanyan d'un air sérieux et se met à décoller la plaie, en faisant entrer dans le pénis une bougie spéciale.
Deux mois plus tard.
- Merci beaucoup, Docteur.
- Tout va bien?
- Oui.
- La miction est normale?
- Bien sûr.
- Et votre vie intime, ça va?
- Deux maîtresses! Et ma femme fait semblant de ne rien remarquer!
- Mon Dieu... – dit-il Dilanyan, – Pardonne-moi, mon Dieu. Je n'avais que de bonnes intentions...
- De bonnes intentions, – sourit-il le patient d'un air malice, – un chemin menant... Vous savez très bien où.
- Je sais bien. On va me punir pendant très longtemps, dans l'autre monde, – dit-il Dilanyan, préoccupé, – et Vous, mon amis, ne Vous laissez pas trop aller. Ne dépassez pas les limites. Je ne pourrais pas Vous remplacer le cœur, quand-même.
Encore deux mois plus tard.
- Docteur, est-ce que je peux entrer?
- Amvrossiy Apollinariévitch! Mais qu'est-ce que c'est que ça?
- Comment dire...
- Qu'est-ce que Vous avez?
- Comment dire... Bref, j'ai eu un sexe anal... – Et quoi? – Dilanyan a failli avoir une attaque cardiaque. Son visage est devenu rouge de la colère et du désespoir.
- Bref, j'y ai un abcès... – a-t-il fini son histoire Amvrossiy Apollinariévitch.
- Infirmière! Libérez la salle de soins, vite!, – a-t-il hurlé Dilanyan, car il se rendait compte que si cet abcès était sur la prothèse, ça serait un problème très grave.
La salle de soins.
- Que ta mère se transforme en un vase de fleurs, – a-t-il prononcé Dilanyan (il a insulté en arménien), après avoir regardé l’abcès assez grand sur le pubis, – Comment ça, Vous ne vous êtes pas lavé après le sexe?
- Essayez de me comprendre... – Amvrossiy Apollinariévitch s'est vexé trop, – tout cela s'est déroulé si vite...
- Novocaïne, scalpel... Pince, tampons, – a-t-il dit Dilanyan en ouvrant l'abcès, – Traitez-le. Séchez. Ohhhh... Ca va... L'abcès n'est pas allé trop loin, pas plus que le tissu cellulaire sous-cutané…
- Docteur… – C’était la même infirmière expérimentée qui a regardé Dilanyan avec un air plaintif, – Serait-il possible de voir la prothèse en action?
- Oui, bien sûr!, – a-t-il répondu Dilanyan sans trop penser et s’est mis à travailler la pompe. Le patient a rougi. – Tout va bien. Pas de matière purulente dans la région de la prothèse.
- Docteur, puis-je sortir? Vous n’avez pas vraiment besoin de moi, objectivement, n’est-ce pas? – Les yeux ronds de l'infirmière exprimaient une telle tristesse que Dilanyan l'a laissé partir sans discuter Il pensait qu'elle allait aux toilettes. En principe, il ne se trompait pas...
Cabinet.
- Amvrossiy Apollinariévitch , si Vous faites du sexe anal encore une fois, moi... moi... Je vais Vous percer la prothèse! – a-t-il chuchoté Dilanyan, en lui prescrivant toute sorte d'onguents et de pansements et en s'en allant dans la salle d'internes.
Salle des internes. Epilogue (c'est-à-dire ce qu'on a l'habitude de mettre à la fin).
L'entrée dans la salle d'internes a été «célébrée» par un silence.
- Eh, pourquoi tout le monde se tait? Eh? Lyuda, pourquoi es-tu partie si brusquement? Tu ne pouvais pas attendre un petit moment?, – a-t-il éclaté de colère, sur l'infirmière.
- Docteur Dilanyan... – l'infirmière, rougie jusqu'aux pointes de ses cheveux, n'a pas pu prononcer un seul mot.
Les autres infirmières retenaient à pein leur rire.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça?
- Vous rappelez-Vous, Docteur, Vous m'aviez dit que j'allais adorer ce pénis dans deux mois?
- Hm... Oui-oui... Je me rappelle...
- Alors, je vais Vous dire que c'est le cas! – l'infirmière a-t-elle tout avoué sous les éclats de rires de tous...