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Oganes Edouard Dilanyan MD, PhD
Chirurgien-urologue-oncologue

"Aujourd'hui je t'ai fait sortir de l'hôpital" ou deux cancers de la prostate. 1ère partie

Fin du mois de mai. Derrière les fenêtres du cabinet – c'est le printemps. Il y a les rayons du soleil qui pénètrent à travers les persiennes et apportent dans le cabinet une atmosphère de jeunesse, de verdure et du bonheur insouciante, en me détachant de ces lignes atroces et cruelles que je viens de lire: «Cancer de la prostate. Adénocarcinome d’une différenciation de bas niveau. Score de Gleason – 5+4». Le patient qui n'aurait même pas 75 ans cligne un peu des yeux, en contemplant les rayons du soleil tombés sur son visage. Mais il a la voix qui tremble et qui se coupe.
- Eux... Ils ont dit que mon âge ne me permet pas de me faire opérer, – j'entends sa voix tremblante qui se coupe, – ils me proposent Casodex et Flutamide...
-Alexandre Timoféevitch... – ne pouvant plus conserver sur mon visage l'expression que les docteurs ont l'habitude d'avoir,  j'enlève mes lunettes et je me frotte le visage. Il faudrait trouver quelques mots à dire, car cette expression des yeux me tuerait, – Alexandre Timoféevitch, je voudrais être franc et sincere avec Vous…
Dans ces moments-là on commence à détester son travail. Encore une fois je dois pénétrer dans les fonds de l’être humain, dans le centre de son cerveau afin de lui expliquer qu’il n’est pas tout seul dans cette situation. Faire comprendre qu’il pourra appeler à n’importe quelle heure de la nuit, s’il n’arrive pas à dormir. Qu’est-ce qu’il faut faire et comment – pas de question: il existe pour cela hide-lines et des examens médicaux. Cependant, il faut que l’homme ne pense pas d’aucune manière que cette maladie pourrait le tuer. Et comment le faire, si toi, tu te rends compte qu’il n’y a aucune garantie? 
-...On n’a pas de garanties. Se faire opérer à Votre âge – c’est sans doute du risque. Mais!
C’est à ce mot “Mais” que l’homme s’attache. C’est comme si l’on tendait une branche à quelqu’un qui est en train de se noyer. Et c’est bien.
- Mais je ne vois pas de contre-indications pour l'opération dans ses yeux, – Je permets au sourire de passer un peu sur mes lèvres, – J'aurais pu certainement prouver mathématiquement qu'on pouvait, voire on devait le faire opérer. Mais on aurait besoin d'une autre approche. J'ai besoin que l'homme croie: la mort se trouve encore très-très loin de lui.
Il restait encore un problème compliqué: il fallait manipuler des mots de sorte que le Conseil de médecins-spécialistes ne conclue pas de prescrire le Casodex et le Flutamide.
- Patient de 75 ans, on a découvert lors de l'examen de dispensaire une tumeur dans la partie droite de la prostate, APS – 3,5, nanogramme par millilitre... On a effectué une biopsie en sextant: adénocarcinome d'une différenciation du bas niveau, score de Gleason – 5+4. L'examen IRM du petit bassin n’a pas révélé de métastases et la scintigraphie osseuse n’a pas révélé de foyer d’accumulation de substances radiopharmaceutiques dans les os, – Aspirez, respirez, pause.
- On voit selon l’histoire de la maladie que le patient vit une vie intime normale, son mode de vie est sain, il fait même du vélo, – Un sourire éclaircit les visages des participants du Conseil des médecins, comme s’ils comprenaient que Dilanyan est préoccupé, – Il y a tous les spécialistes qui l’ont examiné, et aucune contre-indication pour l’opération.
- Pour quelle opération? – Klirachev se lève, – Mais Vous êtes fou? Il a 75 ans quand-même!
C’est mal. C’est très mal. Se disputer avec Klirachev – c’est comme si un moustique voulait piquer un éléphant. Personne ne se rappellera du nom de l'éléphant, mais par contre, tout le monde connaître le nom du moustique. Mais ça serait inutile de disputer avec Klirachev. A tous les arguments que j'aurais cité – que malgré son âge le patient est en plein santé, il répondrait avec des contre-arguments dont on pourrait découvrir les justifications dans toute histoire de maladie.
-...Il souffre d'un diabète: 5,9! – Continue-t-il Klirachev, – Il a une diverticulose du rectum! Il a un ulcère d’estomac. J’aurais pu dire que l’endocrinologue l’avait examiné – pas de diabète. J’aurais pu parier qu’une diverticulose – ce n’est pas une contre-indication. On aurait pu dire qu’il a un ulcère d’estomac en rémission et qui s’est cicatrisé il y a 20 ans et n’a plus jamais causé de souci à ce patient…
On pourrait enfin se référer à une hide-line européenne dans laquelle nous avons déjà le seuil de l’âge bien avancé… Mais… La pensée – c’est une chose drôle. Soudain, elle a commencé à travailler sans moi, et elle a lancé une question dans l’auditoire. Mais elle l’a lancé de manière très raffinée.
- Dites-moi, s’il Vous plaît, Mityay Alekhanovitch, – et Vous, Vous avez quel âge? – C’est après que je me rends compte qu’il ne faudrait pas poser cette question, je rougis et je me tais. Silence.
- Opérez, – dit-il soudain Klirachev, d’un ton méchant: il se lève et il sort.
...- Dilanyan, Vous n’avez pas bien agi, – me dit-il Slava déjà dans la salle des internes, – Je n'arrive pas à comprendre, on dirait que ce patient est ton proche?
- Non, mais pourquoi ai-je mal agi?
- Parce que Klirachev a 72 ans et il a un taux d'APS élevé, – dit-il Slava d'un ton bas, – et toi, tu le savais très bien.
- Ecoute, Slava, il n'a qu'une aggravation de prostatite chronique et un adénome. Ce 'est pas du tout un cancer. C'est moi qui a fait la biopsie, – je mets les résultats de l'histologie sur la table, – alors, la prochaine fois, réfléchis bien avant de parler.
Opération. Prostatectomie radicale par laparoscopie. Pancréatite postopératoire aigüe. Trois nuits sans sommeil, contrôle permanent du ferment amylolytique. Octreotide dont le patient a des troubles. Pyélonéphrite aigüe, antibiotiques. Alexandre Timophéevitch ne veut pas se lever du lit. Il est obstiné: il est faible et il ne veut plus vivre.
Les nerfs. Il faut les réunir. Il faudrait se raser, se laver avec de l'eau froide. Il en a marre de ce café.
On l'emmène dans le chambre d'hôpital.
- Alexandre Timoféevitch, un homme en plein santé ne reste pas couché dans son lit dans la journée! – Bien que ces mots soient prononcés bien à temps, moi je me serais allongé à côté de lui jusqu'au moment de sa sortie de l'hôpital, – Des selles?
- Oui.
- Température?
- Non.
- Sourie-moi, Alexandre Timoféevitch, – Je ne sais pas pourquoi mais en ce moment, je n'ai pas pu prononcer ce «Vous», – Sourie, tout va bien.
- Je suis faible...
- Levez-Vous, marchez, commencez à manger – tout va finir. Alors! On se lève! – Est-ce qu'un homme vieux et faible aurait pu résister à un jeune docteur de bonne humeur? Aujourd'hui tu sors de l'hôpital, Alexandre Timoféevitch. Je t'ai fait sortir de l'hôpital tout en plein santé. Et demain j'aurai les résultats de l'histologie de l'échantillon postopératoire où nous verrons que tout a été bien enlevé, et qu'on n'a découvert aucune métastase.
Moi, j'y crois fermement. Et toi, Alexandre Timoféevitch, prépare-toi. 20 ans après je m'apprête à boire de la vodka, à l'occasion de ton 95ième anniversaire.

BLOGUE

Dans les époques lointaines de son enfance, on dirait que le prince Dilanyan ne faisait pas partie de ce monde. Et à présent aussi... bien qu'il soit urologue, il n'a aucun rapport avec le métier. Alors, étant petit, il se laissait aller parfois par ce qui lui venait à l'esprit. Et lui, il pensait que comme nous vivons sur le corps de la Terre-mère, cette mère devrait normalement avoir quelqu'un qui serait le père. Laissons tout cela, on est partis dans la mauvaise direction, de nouveau. Bref, le petit Dilanyan croyait que cette Terre est un être très sale, car il y avait plusieurs autres êtres beaucoup plus petits qui étaient en train d'y vivre. 

Il faudrait noter que je suis quelqu'un qui est psychologiquement équilibré.
Mais, croyez-moi, parfois il nous arrive de tomber dans des situations qui nous pourrissent le cerveau.
C'était aujourd'hui. Je recevais des patients.
- Docteur Dilanyan, il y a une dame qui veut absolument Vous voir. Elle n'a pas de rendez-vous, mais elle dit que ce n'est que pour 5 minutes.
- Nous les connaissons bien, ces 5 minutes, – je me dis comme toujours, – d'accord, faites-la entrer.
Une dame entre. Elle est assez sympathique, elle aurait environ 50 ans.
- Bonjour, – dit-elle, – Docteur Dilanyan, chéri!

Prologue.
Examen d’anatomie.
-    Parlez-moi de la structure de l’organe de l’amour.
-    Le pénis – est un organe impair, compose de…
-    A nos jours, c’est le cœur qui est l’organe de l’amour, – a-t-il répondu le professeur.

Le professeur s'approche du patient, après avoir lavé les mains. Voulant regarder encore une fois la zone qu'il allait opérer, il s'est adressé à l'infirmière:
- Chérie, rajustez le pénis, s'il Vous plaît. Merci.
Il regarde le patient.
- Il ne marche pas. Du tout. Ni la nuit, ni lors je masturbe, je ne parle pas de rapports sexuels.
- Un homme âgé, avec une apparence assez solide, regarde Dilanyan, droit dans les yeux, avec un air triste, – il a l'air du péché mortel – de travers et courbé.